Tchad, terre d’hospitalité

Article : Tchad, terre d’hospitalité
Crédit: Carol Valade - RFI
11 août 2023

Tchad, terre d’hospitalité

Le Tchad est et a toujours été une terre d’accueil chaleureuse où l’hospitalité est une valeur essentielle. Le pays a pris des engagements fort lors du Forum Mondial des réfugiés en décembre 2019 pour assurer accueil et protection aux réfugiés présents sur son sol. Engagements pris et respectés : aujourd’hui, le Tchad accueille près de 600.000 réfugiés et demandeurs d’asile, ce qui représente plus de 3% de la population tchadienne.

Solidarité tchadienne aux réfugiés

Les réfugiés accueillis par le Tchad viennent naturellement des pays voisins : le Nigéria, le Cameroun, la Centrafrique et le Soudan. Ces quatre pays connaissent des crises politiques qui créent de grands mouvements de population dans leur frontières avec le Tchad. Le pays a marqué sa solidarité mainte fois avec les réfugiés de ces pays, il continue de le faire malgré un afflux de plus en plus important qui complique leur accueil (notament à l’Est, côté Soudan, à nouveau en crise depuis quelques mois).

Ailleurs, d’autres crises plus anciennes perdurent. Au Nigéria les familles fuyent la terreur du terrorisme dû au mouvement islamiste Boko Haram.

Les réfugiés camerounais fuyent des conflits intercommunautaires fréquents surtout dans le nord du pays. Ils se retrouvent nombreux, désemparés, dans des camps de réfugiés.

Quant aux réfugiés centrafricains, ils fuient une crise politique qui s’enlise depuis des années : les conflits et affrontements entre groupes armés pour le contrôle des ressources et des territoires se sont multipliés depuis 2013, date du renversement du régime du président François Bozizé par la Séléka, une coalition venue du Nord-Est du pays.

A ces nombreux réfugiés, le Tchad exprime sa solidarité.

Et n’oublions pas la situation de crise au Soudan, autre pays voisin du Tchad, où des affrontements ont éclaté au printemps à Khartoum qui s’étalent maintenant sur l’ensemble de presque tout territoire soudanais. L’armée régulière et les paramilitaires soudanais s’affrontent depuis plus de quatre mois, des milliers d’habitants fuient les combats et attendent une aide humanitaire qui peine à répondre à tous les besoins. Ce conflit oppose deux puissants généraux à la conquête du pouvoir, Abdel Fattah Albourhan, qui conduit l’armée soudanaise, et Mohamed Ahmat Daglo (alias Himetti) qui dirige la force paramilitaire FSR (Forces de soutien rapide).

Depuis lors, une marée de personnes sont en déplacement, fuyant les affrontements armés qui sont de plus en plus violents, en laissant derrière eux tous leurs biens pour sauver leurs têtes. Ils arrivent totalement démunis au Tchad, pays de toumaï, et survivent dans des camps.

La situation des réfugiés est chiffrée

La situation des réfugiés au Tchad est bien connue, elle est chiffrée : selon les données de HCR, le Tchad accueille aujourd’hui environ 588 770 réfugiés. Parmi eux 409 819 Soudanais fuyant le conflit au Darfour avant mars 2023. On compte aussi 127 846 réfugiés de la République centrafricaine, 21 287 Nigérians fuyant les violences de Boko Haram dans la région du lac, 28 311 Camerounais affectés par des tensions intercommunautaires et 1 507 réfugiés d’autres nations.

Les réfugiés soudanais sont majoritairement des femmes et des enfants. Ils cherchent refuges dans les trois provinces de l’Est du Tchad, à savoir le Wadi Fira, Sila et le Ouaddai, qui sont maintenant confrontés à de nouveaux besoins et défis.

Situation alarmate du Tchad

Actuellement, plus 2000 personnes franchissent chaque jour la frontière tchadienne à la recherche de sécurité. Ces personnes foulent une terre nouvelle en étant totalement démunies : elles sont sans abri et n’ont rien à boire ni à manger. Les réfugiés se retrouvent donc dans des conditions humanitaires très difficiles.

À la frontière soudanaise, les réfugiés prennent d’assaut les camions du HCR qui les transporteront vers la ville d’Adré, loin des horreurs de la guerre. © Carol Valade/RFI

Le gouvernement du Tchad leur ouvre les bras pour les accueillir malgré une situation sur place déjà compliquée : la population dans l’est du pays est très pauvre et vit dans l’indigence. L’insécurité alimentaire est un problème majeur. Au Tchad 5,3 millions de personnes (dont 51% de femmes) souffrent d’insécurité alimentaire selon les résultats des analyses du cadre Harmonisé et l’enquête SMART de 20 janvier 2022 , et dans certaines régions, les populations souffrent de malnutrition aigüe (selon les hiffres de enquête SMART, cela concerne 1,5 millions de personnes).

De plus, les provinces d’accueil des réfugiés soudanais (Wadi Fira, Sila et Ouaddai, situées à l’Est du pays) sont des zones grandes vulnérabilité à cause du climat subaride mais aussi à cause de l’insécurité grandissante liée au conflit intercommunautaire dans l’Est du Tchad.

Les conditions dans lesquelles se retrouvent ces refugiés sont donc extrêmement précaires à tout point de vue, y compris sanitaire : l’hôpital de la ville d’Adré, une ville frontalière avec le soudan, est totalement submergé par les réfugiés.

La situation est donc vraiment difficile au Tchad, non seulement pour les populations très pauvres mais aussi pour les réfugiés, parfois désespérés. Le pays réagit au mieux pour faire face à l’urgence, malgré une très grande précarité.

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